La remise du Grand Prix de La Prévention Médicale s’est déroulée à l’occasion du congrès de l’association organisé le 28 mars 2025 sur le thème des déserts médicaux et des risques liés aux difficultés d’accessibilité aux soins. Les trois projets distingués au titre de l’année 2024 sont : KSMOR (Key Skill Management in Operating Room) : management des compétences paramédicales au bloc opératoire ; EPOCA : dispositif de télésurveillance pour personnes âgées à domicile ; et « La fresque des erreurs » : sensibilisation aux risques des équipes vétérinaires. 

« Depuis la création du Grand Prix de La Prévention Médicale en 2008, ce sont plus de 300 projets qui ont été présentés. Cette année encore, nous sommes heureux de récompenser trois initiatives originales, tirées de l’expérience de terrain des professionnels de santé et de contribuer ainsi à promouvoir l’amélioration de la sécurité des soins médicaux et paramédicaux, ce qui est l’objectif de l’association », déclare Nicolas Gombault, directeur de La Prévention Médicale.

1^er Prix 2024 de La Prévention Médicale : KSMOR

David Pasteau et l’UNAIBODE (Union nationale des associations d’infirmières de bloc opératoire diplômées d’Etat) reçoivent le 1^er Prix de La Prévention Médicale pour KSMOR, une méthode de management des risques qui permet d’une part de piloter, au quotidien et à moyen terme, l’autonomie des infirmières de bloc notamment lors de l’intégration, et d’autre part, de maîtriser la qualité et les dysfonctionnements.

Concrètement, cette méthode repose sur deux types de questionnaires, élaborés et testés pendant deux ans par des groupes de travail de l’UNAIBODE. Un premier questionnaire de «tronc commun», concerne plus de 200 pratiques qu’une infirmière de bloc doit maîtriser au bloc opératoire afin de garantir la sécurité du patient et de ses collègues. Un second questionnaire « par spécialité chirurgicale » présente les pratiques indispensables dans chacune des spécialités chirurgicales.

La tutrice et la référente accompagnent les nouveaux entrants grâce à ces questionnaires via une application accessible sur smartphone ou ordinateur. Elles peuvent ainsi passer progressivement en revue l’ensemble des pratiques exigées d’une infirmière au bloc et valider progressivement l’autonomie de l’infirmière par intervention, comme circulante ou instrumentiste.

« KSMOR répond à la demande des cadres de bloc et aux exigences de la HAS. Les infirmières de bloc ont un ressenti positif de l’usage de KSMOR. Grâce à un parcours tracé, avec des étapes claires, elles ont une vision partagée et factuelle de leur parcours d’intégration. Elles peuvent savoir à tout moment où elles en sont ; elles connaissent avec précision leurs marges de progrès et peuvent planifier avec leur tutrice les étapes clefs de leur progression. Leur intégration devient plus claire, transparente et se fait donc dans un climat apaisé.
« Pour les cadres de bloc, le tableau de bord de KSMOR est une ressource nouvelle qui a fait ses preuves dans de nombreux domaines et un outil d’aide à la décision qui introduit le niveau de sécurité et de transparence indispensable », résume David Pasteau, expert en matière de méthode qualité basée sur le pilotage par les pratiques clés.

Pour en savoir plus : lire l’entretien avec David Pasteau

2^ème Prix 2024 de La Prévention Médicale : EPOCA

Elise Cabannes, médecin, et Mariana Fernandes, infirmière anesthésiste, reçoivent le 2^e Prix de La Prévention Médicale pour EPOCA. Cette entreprise médico-technologique qu’elles ont fondée en 2019, a créé une plateforme de télésurveillance à domicile de personnes âgées polypathologiques. Son objectif est de répondre à la fois au défi du vieillissement de la population et de la désertification médicale, en alliant une approche technologique et humaine.

Basée sur l’intelligence artificielle et le big data, EPOCA vise à faciliter le parcours de soins et à réduire les inégalités, en permettant le maintien au domicile des patients âgés dans de bonnes conditions, tout en limitant le recours à l’hospitalisation et le passage aux urgences.

Dans le cadre du dispositif EPOCA, les données médicales essentielles sur le patient sont collectées en temps réel. En cas d’urgence, un bip d’alerte permet une intervention rapide. Un téléphone configuré préalablement facilite la communication et le déclenchement d’une téléconsultation. Le suivi est assuré par une équipe d’experts en gériatrie, composée de médecins et d’infirmières, disponible 24h sur 24 pour analyser les données, gérer les alertes et coordonner les interventions.

Plus de 4000 patients ont bénéficié du suivi par cette plateforme depuis son lancement.

« Après plusieurs années d’utilisation, les effets d’EPOCA sont incontestables : les hospitalisations et passages aux urgences des patients âgés polypathologiques équipés ont diminué de 50 % à 80 %, soit en moyenne 17,5 jours d’hospitalisation évités par rapport à l’année précédant la prise en charge par EPOCA », souligne le Dr Elise Cabannes.

Pour en savoir plus : lire l’entretien du Dr Elise Cabannes 

3^ème Prix 2024 de La Prévention Médicale : la fresque des erreurs

Leïla Assaghir, docteur vétérinaire et formatrice en sécurité des soins, est récompensée pour la création de « La fresque des erreurs », un jeu de cartes pour parler librement des erreurs en médecine vétérinaire et renforcer la culture de sécurité des soins.

Après avoir initialement créé un plateau de jeu, le Dr Leïla Assaghir s’est appuyée sur les 300 retours d’expérience d’utilisateurs du jeu pour faire évoluer son concept. La fresque est devenue un jeu de 175 cartes, rebaptisée « Toutourisk », avec des règles plus ludiques et plus simples pour qu’il puisse être joué sans la présence d’un formateur. Le jeu permet à la fois d’aborder les situations d’erreurs et d’accidents médicaux, des biais cognitifs, des menaces qui peuvent altérer la sécurité des soins et des méthodes qui peuvent la fiabiliser.

« J’ai choisi d’utiliser un support déjà employé pour sensibiliser aux enjeux climatiques – en l’occurrence, la fresque du climat - pour susciter l’intérêt des équipes sur ce sujet tabou des erreurs en médecine vétérinaire. Ce format créatif instaure un cadre bienveillant et moins sérieux qui permet d’ouvrir le dialogue et de parler des problèmes de nos défaillances individuelles et collectives sans culpabilisation », explique le Dr Leïla Assaghir qui ambitionne de transposer le jeu à d’autres professions de santé par exemple aux anesthésistes, aux dentistes ou dans les maternités. 

 Pour en savoir plus : lire l’entretien du Dr Leïla Assaghir 

Pour aller plus loin : Consulter le site de La Prévention Médicale