Diminuer les risques à l'hôpital : une analyse de Thierry Houselstein
Directeur médical de la MACSF et expert de la responsabilité médicale, Thierry Houselstein analyse les accidents les plus fréquents à l'hôpital et les actions de prévention pour limiter les risques.
Y a-t-il des actes ou des soins à l’hôpital qui sont plus à risque de provoquer une infection ?
Thierry Houselstein, directeur médical de la MACSF :
"Oui, absolument. De manière générale, tout acte invasif – notamment interventionnel ou chirurgical – comportant une effraction cutanée peut entraîner une infection, locale, ou secondairement diffuse, généralisée. Le mécanisme suppose bien entendu une effraction de la barrière naturelle que constitue la peau, que ce soit lors d’un simple prélèvement sanguin ou d’une intervention, de quelque nature que ce soit. Des infections peuvent également survenir du fait même de l’état de santé du patient, particulièrement fragilisé par des pathologies de type hémopathies ou entraînant une baisse des défenses immunitaires, en particulier lors de l’administration de certains traitements indispensables. Rappelons enfin que certains germes, particulièrement résistants, peuvent être plus fréquents en milieu hospitalier, du fait d’une certaine « pression antibiotique ".
Quelles mesures sont mises en place pour diminuer le risque d’infections dans les hôpitaux ?
Thierry Houselstein :
"La prise en compte du risque infectieux et plus globalement celui des infections dites « associées aux soins » est une priorité de tous les instants pour l’ensemble des soignants. Dans le cadre d’une démarche globale, le CLIN de chaque établissement de santé coordonne - en étroite collaboration avec les équipes médicales et chirurgicales - la bonne prise en compte de ce risque, notamment le respect des protocoles d’asepsie, de stérilisation, de désinfection et bien entendu la bonne gestion des antibiotiques. Chaque soignant devient - dans son périmètre - le garant de cette politique de prévention ce qui passe évidemment par une formation sans cesse renouvelée sur ce sujet."
Plus précisément dans un bloc opératoire, existe-t-il une check list pour réduire le risque ?
Thierry Houselstein :
"Oui, la checklist « sécurité du patient au bloc opératoire » intègre ce sujet prévention du risque infectieux. Deux items – les points 4 et 9 – concernent plus particulièrement la préparation cutanée de l’opéré mais aussi l’antibioprophylaxie et la préparation du champ opératoire. Une réponse négative à ces points - outre les autres points listés - doit conduire à un « NO GO ». A noter que l’antibioprophylaxie doit bien entendu être adaptée au type d’intervention, selon les recommandations en vigueur, notamment concernant une éventuelle ré-injection selon les cas."
La MACSF est engagée dans la prévention du risque médical. Quelles grandes actions a-t-elle mis en place ?
Thierry Houselstein :
"Le sujet de la prévention du risque médico-légal lié aux infections associées aux soins est central pour la MACSF, quel que soit son sociétaire. Au travers du Rapport Annuel MACSF, nous sensibilisons nos sociétaires sur les risques propres à leur activité ou spécialité. Nos équipes de gestion du risque délivrent également des préconisations adaptées à chaque cas, notamment après visite sur sites. Nous informons nos sociétaires des évolutions réglementaires et des recommandations en vigueur, leur permettant ainsi d’adapter leur pratique (par exemple, recours à des CRIOA en chirurgie orthopédique). De manière tout aussi concrète, nous avons mis en place une HOTLINE ISO (infection du site opératoire) permettant à chaque sociétaire concerné d’avoir recours – 7J/7 et 24H/24 - à un avis infectieux lorsqu’il se trouve confronté à une difficulté de ce type dans sa pratique. Enfin, lorsque la responsabilité d’un sociétaire est recherchée sur ce fondement, les médecins conseils MACSF mobilisent également des infectiologues ou des hygiénistes afin de défendre au mieux notre assuré. Les équipes médicales contribuent également régulièrement à des études et publications sur ce sujet, notamment en chirurgie."