"Une rentrée réussie sur les marchés financiers" : une analyse de Roger Caniard, directeur financier MACSF
La consolidation des marchés s’est poursuivie en août, avec des divergences géographiques. Seul le marché américain a progressé cet été, et reste proche de son plus-haut historique, en hausse de 16,74% (en dollar) depuis le début de l’année. La dynamique s’est en revanche ralentie pour les marchés européens et émergents, qui enregistrent respectivement -1,35% et -3,53% entre fin juin et fin août (en euro).
Les développements géopolitiques sino-américains ont été le moteur principal des marchés financiers cet été, en raison de la brutale escalade de la guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine. Les annonces de surenchères concernant la mise en place de nouveaux tarifs douaniers sont principalement à l’origine du repli des marchés. Début septembre, les perspectives apparaissent cependant plus optimistes, avec notamment l’annonce d’une rencontre entre dirigeants chinois et américains début octobre.
La dégradation du cycle économique dans le monde, et la faiblesse des pressions inflationnistes ont pesé sur les taux, qui ont atteint cet été de nouveaux plus bas historiques. En zone euro, la faiblesse de la croissance s’est poursuivie au deuxième trimestre, conformément aux attentes. La contagion du ralentissement global impacte principalement l’Allemagne, où le ralentissement manufacturier s’étend désormais au secteur des services. La résilience de l’économie américaine tient quant à elle à sa consommation domestique, soutenue également par la force du dollar.
Face à cette dégradation des perspectives conjoncturelles, les banques centrales ont accentué leur soutien au marché obligataire tout au long de l’été. A Jackson Hole, Jérôme Powell a confirmé vouloir poursuivre sa politique monétaire accommodante, après une première baisse de taux fin juillet, malgré des chiffres de consommation des ménages bien orientés et un chômage sur des points bas historiques. En Europe, Mario Draghi et Christine Lagarde ont fait passer le même message « accommodant » en promettant de surprendre le marché au second semestre.
En réaction, le taux 30 ans américain est passé sous les 2% et le taux 10 ans sous les 1,5%. En Europe, le taux 10 ans allemand s’est replié à -0,70%, et le taux 30 ans est désormais passé en territoire négatif. En France, le taux 10 ans est passé en territoire négatif début juillet et il faut désormais une maturité de 17 ans pour trouver un rendement positif.
Le ralentissement économique semble se généraliser
A court terme, les craintes politiques semblent s’atténuer, du fait de nombreux développements moins défavorables que prévu.
Au Royaume-Uni, la probabilité d’un Brexit sans accord a diminué après que Boris Johnson a perdu la majorité au Parlement. En Italie, la présentation d’un nouveau gouvernement, de coalition entre le Mouvement 5 Etoiles et le Parti Démocrate, semble rassurer les marchés. La Chine envoie également des messages plus rassurants, insistant sur la nécessité de prendre des mesures de soutien à la demande domestique.
Malgré ces éléments positifs, le ralentissement économique semble se généraliser, et devrait peser sur la croissance bénéficiaire des entreprises.
Dans ce contexte, il nous semble que les anticipations de forte baisse de taux par les marchés sont un peu excessives. Par conséquent, à moyen terme, nous conservons notre positionnement prudent, en adoptant toutefois un positionnement stratégique opportuniste à court terme étant donnée la probable baisse d’intensité des différents facteurs d’inquiétude.
Recommandation d'investissements en unité de compte
Fonds patrimoniaux
- Nous initions un avis positif sur le fonds flexible DWS Concept Kaldemorgen, sans contrainte d’allocation associé à une solide maîtrise des risques. Son positionnement global, multi classes d’actif associé à une stratégie dynamique lui permettent de s’adapter aux différentes tendances de marché.
- Parmi nos autres fonds patrimoniaux, nous maintenons notre préférence pour JPM Global Income, dont la thématique « actifs de rendement » bénéficie de la forte baisse des taux et du resserrement des primes de risque, sur les actions et les obligations d’entreprises.
Fonds d’actions
- Nous maintenons notre avis positif sur les valeurs internationales de croissance de qualité à dividendes élevés (DWS Top Dividende). Sa thématique plus défensive, orientée sur les valeurs de la consommation, des technologies de l’information et l’industrie, lui permet de bien résister aux chocs de volatilité.
- Nous restons positifs sur le fonds Pictet Global Megatrend Selection, investi dans les actions d’entreprise susceptibles de tirer avantage de tendances économiques et sociales à long terme. Le fonds continue de surperformer le MSCI World (actions monde) depuis le début de l’année.
- Nous conservons une vue positive sur les actions émergentes (Médi Emergents) à moyen terme. Bien que très sensible aux tensions commerciales sino-américaines, la classe d’actifs bénéficie de fondamentaux qui apparaissent solides (valorisations attractives, baisse des taux, faible potentiel de hausse du dollar).
- Nous restons également positifs sur les actions du secteur des Biotechnologies (Candriam Equities Biotechnology). Les fondamentaux des entreprises du secteur restent bien orientés. Les résultats des grandes entreprises (Celgen, Amgen, Biogen) ont dépassé les attentes.