[Route du Rhum] Isabelle Joschke plus que jamais dans le match à bord de son IMOCA MACSF
L’heure est au beau fixe à bord de l’IMOCA MACSF ! Au 6e jour de course de la Route du Rhum-Destination Guadeloupe, Isabelle Joschke pointe à une belle 8e place dans la catégorie IMOCA au classement de 11h, qui vient couronner un superbe début de course pour la navigatrice qui ne dispose pas d’un bateau de dernière génération.
La navigatrice ne se laisse pas griser par son entame de transatlantique. Elle sait que la route jusqu’à Pointe-à-Pitre est encore longue (elle n’a pas encore couvert la moitié du parcours) et les nuits plutôt agitées, conséquence de la météo très changeante et des vents irréguliers qui l’obligent à enchaîner les manœuvres. L’hyper vigilance est donc de mise à bord où la fatigue commence à se faire sentir, d’autant que l’un de ses winches d’écoute a cédé. Et nul ne sait aujourd’hui si son pari pour une option Ouest se révélera payante pour gagner l’autoroute des alizés le plus vite possible…
Du plaisir mais pas d’emballement
Isabelle Joschke ne s’attendait peut-être pas à un premier tiers de course aussi accompli après un départ et une mise en action difficile. Pleinement conscience que tout reste fragile sur cette Route du Rhum, elle se montre sereine mais se veut aussi lucide.
« Je suis contente d’en être là. Ma première journée de course a été vraiment dure car cela se jouait beaucoup sur la capacité à enchaîner les manœuvres. J’ai senti mes limites. J’ai bien vu qu’il y avait des exercices sur lesquels je ne pouvais pas suivre. Passer le Chenal du Four de nuit à virer de bord dans 20 nœuds, pour moi ce n’est pas envisageable. Je n’avais pas la force pour. Ce qui est chouette c’est d’avoir pu vraiment bien tirer mon épingle du jeu sur la sortie du Golfe de Gascogne. Je suis bien dans ma course. Ce n’est pas facile mais j’arrive à me faire plaisir. Paradoxalement il y a eu des courses où j’ai beaucoup plus souffert de la vie à bord qu’en ce moment. Sur ce Rhum, je trouve que c’est dur mais vivable. Avec l’instabilité des conditions, les tactiques changent souvent, elles sont sans cesse remises en cause. Je me dis à chaque jour sa peine, à chaque jour son objectif. Pour la suite, je ne sais pas du tout. J’ai pris une option de route vers l’Ouest. Je suis parti un peu plus loin qu’une grosse partie de la flotte. L’avenir dira si j’ai eu du flair ou si c’est une cata », avoue Isabelle.
Le sommeil en veille
Depuis le départ il y a six jours, les temps de récupération ne sont pas longs et la fatigue s’accumule. La faute à une météo très instable qui contraint la skipper à multiplier les manœuvres sur le pont.
« J’ai des courbatures et des contractures partout dans le haut du dos. Les biceps, les trapèzes, les épaules, les bras. C’est assez impressionnant, je sens que les muscles sont en train de se reconstruire. J’ai clairement besoin de sommeil. Je manque de repos. Lundi c’était littéralement impossible de se poser dans la bannette à cause des vents trop irréguliers. C’était déjà le cas dimanche. Là je commence un peu à piquer du nez. Quand est ce que le temps va se stabiliser en fait ? », se demande la navigatrice.
Conditions capricieuses, nuits agitées
Contrairement à ce que l’on peut entendre souvent depuis le départ, les conditions rencontrées sur cette 12e Route du Rhum sont moins clémentes que l’on veut bien le dire…
« Dimanche après le front, la journée a été infernale. Le vent pouvait passer de 15 à 30 nœuds en un rien de temps. Il était donc impossible de se poser dans la bannette. Il fallait être prête à choquer les voiles très très vite. De manière générale, je n’arrive plus trop à quitter le pont. Je veux envoyer les voiles puis le vent devient assez fort. Il est très instable. Au-delà des manœuvres, c’est énormément d’attention portée sur la marche du bateau en permanence. Cela fait trois jours de suite que l’on est dans des vents forts, et à chaque fois de nuit. La journée, on peut avoir du petit temps. J’essaie de cravacher et de grappiller tout ce que je peux avant que cela mollisse », commente Isabelle.
« Isabelle réalise un super début de course. Niveau stratégie, elle est bien. Elle n’hésite pas à tenter. On la sent à l’aise sur la mer comme sur la Guyader Bermudes 1000 Race en début de saison ».
« Elle est partie dans l’Ouest alors que le gros de la flotte a opté pour le sud. C’est une option à long terme par rapport à l’anticyclone des Açores, et cette dorsale que tout le monde va avoir à traverser. Elle a choisi cette route pour avoir une meilleure attaque. Ce n’est pas gagné d’avance. La météo évolue. Ce n’est pas simple de choisir l’endroit où l’on traverse cette dorsale avant d’atteindre les alizés qu’ils ont tous hâte de retrouver. Le près, c’est quasiment fini. Désormais place au portant mais encore faut-il avoir du vent.
Quand Isabelle a pris l’option d’aller dans l’Ouest, ce pari était vraiment intéressant. Avec la météo d’aujourd’hui ça ne le sera peut-être pas autant.
La vérité du jour n’est pas forcément celle du lendemain. C’est le jeu de la voile. Maintenant qu’on est là, il faut faire avancer le bateau le plus vite possible et s’adapter aux météos que l’on reçoit toutes les 6-12 heures. Les conditions sont très fluctuantes. C’est donc dur d’établir de la stratégie sur du moyen terme. En principe sur deux-trois jours on a des prévisions météo assez fiables mais là ce n’est pas aussi simple notamment à cause de cette situation anticyclonique. Une fois dans les alizés ce sera beaucoup plus stable ».
« La casse d’un des deux winches d’écoute est extrêmement préjudiciable. Cela la handicape. C’est une pièce maîtresse qui a une grosse utilité pour pouvoir manœuvrer facilement. Il est très rare d’avoir une rupture sur ces pièces-là, c’est réellement frustrant. Tout ce qui est manœuvre, virement de bord ou changement de voile est donc beaucoup plus compliqué à exécuter. Cela prendra plus de temps. Pour le reste, tout à l’air de bien se passer. L’objectif n°1 avant le classement, c’est d’arriver à Pointe-à-Pitre ».
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