Au lendemain de la course, Isabelle confie :

« Cette édition 2023 du Défi Azimut a été très engagée. Nous avons eu pas mal de vent, beaucoup de variations en direction et en force. A ce jeu des changements météorologiques, il a fallu prendre une décision quant au choix de la garde-robe du bateau. Rapidement nous avons décidé de garder le J3 (petite voile d'avant, équivalant à la trinquette) qui nous a permis de naviguer relativement sereinement face aux grains. Il est certain que nous étions moins toilés dans les phases de calme mais la dépense énergétique dans les manœuvres étaient beaucoup trop intenses pour s’amuser à le faire continuellement. La deuxième nuit, j'ai senti que j'allais me mettre dans le rouge. Ma gestion de l’effort est primordiale. Le bateau demande énormément d’énergie et mon petit gabarit sur cette machine très puissante ne me favorise pas. Je pense que ma façon de naviguer fonctionne bien. Au final, nous nous en sortons et les résultats sont là ».

La configuration de voiles de MACSF a aussi amené le duo Isabelle-Alain à opter pour une route légèrement différente. Oscillant entre la 23^ème et la 15^ème place, ce n’est que dans le dernier tronçon du parcours vers l’île de Groix, après le passage du point AZIMUT 3, que MACSF reprend des places. À la hauteur de l’île d’Yeu, MACSF, calé un peu plus dans l’est, réussit à remonter la flotte. Cette meilleure trajectoire permet au duo, en faisant l’intérieur entre Groix et ses concurrents directs, de se hisser à une très belle douzième place.

Embarqué à bord de MACSF en remplacement de Pierre Brasseur co-skipper avec Isabelle pour cette saison, Alain Gautier, team manager de l’équipe, revient sur sa navigation aux côtés d’Isabelle.

« Ce n’est pas une première pour moi, je connais bien le bateau et Isabelle. Notre duo a bien fonctionné et même si nous commettons quelques erreurs stratégiques, le dernier bord nous a relativement bien réussi. En étant sur une route plus nord-est que nord-ouest, comme certains de nos concurrents, nous réussissons un bon coup. Notre bateau est clairement plus à l’aise sur des allures de reaching, entre 65 et 100 degrés du vent. Le portant l’est beaucoup moins. Pour un bateau de 2007, ce résultat est encourageant ».

Une répétition grandeur nature

Ce parcours de 48 heures pourrait s’apparenter aux premières heures de course de la Transat Jacques Vabre Normandie Le Havre. Un galop d’essai riche en enseignements sur lequel Isabelle va travailler afin d’être dans les meilleures conditions possibles tout en arrivant à économiser le bateau et surtout son énergie.

« Sur le bateau il est impossible de déroger à certaines choses comme les manœuvres, les changements de voiles et les réglages, le travail sur l’ordinateur pour la route, la tactique, le téléchargement des fichiers…  Cette base prend beaucoup d’énergie. Je ne suis pas une sprinteuse, je travaille plus sur une vision globale de la course. C’est ma façon de faire. Si je sens à un moment que j’atteins mes limites, à ce moment-là, la priorité sera d’aller me reposer. C’est ce qui s’est passé pendant le Défi. J’ai préféré aller me reposer et après 1h30 de sommeil j’avais de nouveau la force d’enchaîner des manœuvres. Je pense que l’expérience que j’ai accumulée depuis toutes ces années me permet d’avoir cette vision globale. Je me connais parfaitement, je connais également le bateau et ce mix me permet aujourd’hui d’être à ma place dans la flotte ».

Les derniers résultats d’Isabelle -5^ème de la Guyader Bermudes 1000 Race et 9^ème de la Route du Rhum – Destination Guadeloupe en 2022, 11^ème de la Rolex Fastnet Race et enfin 12^ème du Défi Azimut pour cette année 2023- prouvent que cette alchimie fonctionne à merveille.

Place désormais à un chantier express et de nouvelles phases d’entraînement avant le convoyage vers Le Havre pour le grand rendez-vous de cette saison 2023, la Transat Jacques Vabre dont le départ sera donné le 29 octobre prochain.

« Dès son retour à Lorient, MACSF a été gruté et déquillé afin de changer les rotules de quille. Les foils ont également été déposés afin d’effectuer quelques réparations dessus. Le bateau est resté mâté et devrait rejoindre son élément mercredi. Juste avant d’attaquer les deux transatlantiques de novembre, il était nécessaire de pouvoir vérifier rapidement l’état du bateau », conclut Alain Gautier.