Sur le fil du rasoir

Depuis quelques jours, Isabelle Joschke tente de conserver de la pression pour faire route vers le sud-est. Une navigation très fine dans un tout petit couloir de vent, mais qui lui permet, à l’heure actuelle, d’évoluer dans des conditions clémentes.

« Depuis deux jours, j’ai des vents assez calmes. Je suis dans une phase de transition entre le vide laissé par la dépression dans laquelle évoluait l’avant de la flotte et la reconstruction de l’anticyclone de Saint Hélène. Pendant encore 24 heures, le vent va être assez mou, comme hier, puis il va revenir tranquillement et se renforcer », confie Isabelle.

Le retour potentiel des poursuivants

Ces conditions très maniables sont une aubaine pour la navigatrice qui peut emmagasiner de l’énergie et du repos avant le retour du vent et l’arrivée à Bonne Espérance, qui se profile bientôt.

« Je devrais, d’ici ce week-end, retrouver de la pression et du portant plus fort. Le vent va revenir par l’arrière et je risque de voir mes poursuivants revenir assez rapidement sur moi. Dès que j’aurai cette pression, je vais pouvoir glisser vers le sud et Bonne Espérance. Pour le moment, la mer est bien plate et c’est assez calme à bord. J’ai du mal à me dire que dans quelques jours, je vais rentrer dans le vif du sujet. Ça sera une autre histoire. Je ne me fais pas de nœuds au cerveau. Je vais super bien. Cette entrée en matière me correspond bien. J’ai pu m’économiser tout en me plaçant bien dans la course. Le bateau va bien, je profite depuis 15 jours, car l’avenir est incertain, je ne sais pas de quoi il sera fait ».

En effet, si le rythme imposé par le groupe de devant semble pour le moment difficile à suivre, il faut rappeler que le bateau d’Isabelle date de 2007.

Une main pour soi, une main pour le bateau

Très attentive aux choses qui l’entourent et à elle-même, Isabelle est en phase avec son bateau et avec les éléments, mais elle reste consciente que la moindre inattention à bord peut déboucher sur des complications qui peuvent se révéler très problématiques.  

« Le plus dangereux à bord est l’excès de confiance que je pourrai avoir. Si le bateau est bien calé, tout comme la mer et le vent, je ne peux pas me permettre de me relâcher. C’est là que l’accident peut survenir. Il faut que je fasse très attention afin de me préserver ».

De l’Atlantique à l’Indien

Quelques milles après le passage de Bonne Espérance, l’IMOCA MACSF fera son entrée dans le très redouté océan Indien. Une grande partie de ce Vendée Globe va alors s’ouvrir pour Isabelle qui va faire son entrée dans un autre univers, celui des dépressions, des montagnes d’eau et du vide absolu.

« Pour la suite, bien évidemment je me projette sur le Cap de Bonne Espérance, et je dois dire qu’avec les fichiers météo dont je dispose, cela me propulse même jusqu’aux Kerguelen. Tout dépend de la stratégie que je veux adopter pour me présenter à Bonne Espérance, plus au sud ou un peu plus nord. En tout état de cause, je sais que ça va être un autre monde. Les dépressions vont s’enchaîner. Ça fait un peu peur, bien sûr. J’y pense, mais j’oublie assez vite. J’y serai dans une dizaine de jours environ. J’avance au jour le jour, car les prévisions peuvent bouger. Mon état d’esprit est de prendre chaque chose en son temps », conclut-elle.