Peu gâtée par la météo, avec un anticyclone des Açores qui a redistribué les cartes, Isabelle Joschke a malheureusement été rejointe par ses poursuivants directs. C’est désormais une course dans la course qui s’est engagée. Mais c’est d’abord une course contre elle-même qu’Isabelle doit mener : elle ne veut pas se laisser enivrer par l’esprit de compétition et se perdre dans une navigation qui ne lui ressemble pas.

« Je tiens absolument à rester dans ma ligne de conduite. Faire ce Vendée Globe, le terminer à mon rythme et à ma manière. J’ai envie de le boucler sur une belle note sans me laisser embarquer dans une navigation trop compliquée comme ça a pu l’être au début ».

En effet dès les premiers jours de course, Isabelle s’était lancée dans une stratégie faite de beaucoup de manœuvres en essayant de copier le rythme de ses adversaires. Même si la tentation est grande de se lancer dans une course au finish, le mental d’Isabelle reste fixé sur son objectif ultime de passer la ligne d’arrivée sans casser.

« Ce qui super sympa c’est que j’ai passé pas mal de temps avec Damien Seguin et j’ai retrouvé Alan Roura. On a échangé à la VHF avec Damien et nous sommes passés à quelques dizaines de mètres l’un de l’autre. C’était très sympa d’être ensemble comme ça. Cela compense le fait que, sportivement, c’est très compliqué pour moi.
Depuis quelques jours j’ai pu bien me reposer et la vie à bord dans ces conditions anticycloniques est très agréable. Je profite du soleil et de pouvoir naviguer dans ces conditions car ça va vite changer », confie Isabelle.

La bascule des Açores

Avec ces conditions actuelles, le groupe dans lequel évolue Isabelle se prépare à faire le grand tour des Açores, par le Nord, afin de récupérer une dépression devant laquelle les bateaux devraient évoluer pour faire route vers l’Est et l’entrée du Golfe de Gascogne.

« L’idée pour Isabelle est de rester le maximum de temps devant la dépression. Elle sera alors en tribord amure avec du vent de sud, la meilleure des allures pour MACSF étant donné l’absence de son foil tribord. Après ça sera plus compliqué, mais les modèles ne sont pas très stables et cela peut encore évoluer. Elle devrait ensuite buter sur l’anticyclone dans le golfe de Gascogne. Cette fin de Vendée Globe ne sera pas simple surtout avec ce foil en moins et la pression des autres concurrents. Isabelle se trouve entre les bateaux à dérives qui vont se livrer une belle bataille pour être le premier aux Sables et face à des IMOCA à foils plus récents comme Hublot et APICIL. Il va falloir qu’elle trouve son rythme au milieu de cette flotte », analyse Alain Gautier, team manager de MACSF.

Simplicité, plaisir, touche positive

« Je suis en train de boucler mon histoire. J’ai vraiment envie de profiter de ces derniers jours de course. C’est ma dernière semaine sur ce bateau, l’histoire va s’arrêter. Il y a évidemment beaucoup de frustration avec ce foil en moins et le retour des autres concurrents, mais je veux me faire plaisir. Il ne faut pas que cela entache mon plaisir. Si je réussis, ça sera une victoire. J’ai fait mon maximum et donné le meilleur de moi-même. Cette « victoire » passe aussi par le fait de me respecter et de respecter l’équilibre général. On ne commande pas les éléments. Il faut que j’accepte ces obstacles, c’est le jeu du Vendée Globe. Il y a une part de moi qui a du mal à accepter, mais j’ai envie de croire que la météo va finalement m’être favorable pour un long bord tribord », conclut Isabelle.

Une arrivée prévue aux alentours du 4 février

Selon les derniers modèles, MACSF devrait se présenter aux Sables d’Olonne vers le 4 février. Une dernière ligne droite qui, à l’heure actuelle, se présente dans une meilleure configuration qu’il y a quelques jours avec le passage de la tempête Herminia.