[VENDÉE GLOBE] Cap Horn franchi pour Isabelle Joschke à bord de son IMOCA MACSF
Après 56 jours 19 heures 27 minutes et 1 seconde de course*, Isabelle Joschke sur son IMOCA MACSF vient à son tour de valider le dernier des trois caps, le Cap Horn, et fait son entrée dans l’Atlantique Sud. Mais depuis une dizaine de jours, la navigatrice s’attèle à trouver le meilleur compromis afin de mener son IMOCA récemment amputé de son foil tribord. Un nouvel équilibre vélique à trouver qui nécessite donc de réapprendre, de tester de nouvelles configurations et de recommencer à chaque nouvelle variation du vent.
Un quotidien engagé mais, grâce à sa force de caractère et à sa pugnacité, Isabelle Joschke réussi à trouver le bon compromis pour garder le rythme et viser son but ultime, l’arrivée en course aux Sables d’Olonne.
« C’est fait ! J’ai passé le Cap Horn après une magnifique dernière nuit dans l’océan Pacifique. Le ciel est resté éclairé jusqu’au lever du jour. C’est parti pour la remontée de l’Atlantique !! »
Il y a des passages dans la vie qui marque plus que d’autres, et ces premiers mots d’Isabelle après le Horn résonnent comme une certaine libération. Le Cap Horn se mérite, se gravit à la force des milles parcourus sur trois océans, aussi sublimes qu’imprévisibles. Un cap qui soulage mais qui annonce encore de très longues heures à batailler ferme contre vents et marées, en marche dans ce dernier retour vers l’Atlantique Nord. En franchissant ce point mythique à 8h 02min et 54s (heure française) en cette matinée du 6 janvier 2025, Isabelle vient de regagner l’Atlantique Sud pour s’élancer dans le dernier gros tronçon de ce Vendée Globe, la longue remontée vers les Sables d’Olonne.
« Je vis ce passage du Cap Horn comme un moment exceptionnel. Cet endroit se mérite, on n’y va pas comme ça. Je ne l’ai pas vu mais je me rends compte que c’est énorme d’y passer en course et seule. Je suis si heureuse de le passer une deuxième fois.
Cela marque aussi la fin des dépressions du sud. Je sais que l’Atlantique peut aussi être impitoyable, mais je suis hyper contente de me dire que les températures seront bientôt plus clémentes. Je me réjouis de tourner cette page et de faire mon entrée dans un nouvel espace », confie Isabelle.
Une nouvelle façon de naviguer
La perte de son foil tribord le 28 décembre dernier change littéralement la configuration du bateau. Il faut désormais réapprendre, tester de nouvelles combinaisons et réessayer en fonction des différentes conditions de vent.
« Je suis très contente de sortir du Pacifique. Globalement je suis très fatiguée, c’est ultra fatiguant de ne plus avoir le même bateau, de ne plus avoir à le régler comme je sais le faire habituellement. Il me faut toujours une voile plus grande en tribord qu’en bâbord amure. J’avais mes marques avec les foils alors sans, je n’en n’ai plus. Il a fallu que je construise mes nouveaux repères alors que le vent ne faisait que changer, passant de 20 à 35 nœuds ou 15 nœuds pendant deux heures sans comprendre. C’est difficile de trouver ses réglages sur quelque chose d’aussi instable. Cela m’a demandé beaucoup d’énergie et m’a apporté beaucoup de frustration. J’avais ce sentiment de ne pouvoir avancer ni en bâbord ni en tribord amure, justement à cause de cette instabilité. J’étais un peu perdue ».
Une débauche d’énergie
En temps normal, la gestion d’un IMOCA en solitaire et en course dans des zones inhospitalières est d’une dureté sans nom, alors ajoutez à cela des problèmes en cascade à résoudre et vous aurez l’état physique et moral de la skipper MACSF. Grâce à un long travail sur elle-même et à des techniques qu’Isabelle met en application, elle arrive à se recentrer sur l’essentiel pour se motiver de nouveau.
« Mes vitesses ne sont pas très rapides, mais c’était aussi une obligation. Je n’ai pas encore récupéré mon énergie. Je fais de mon mieux pour me préserver. En revanche, j’ai plus d’énergie au passage du Cap Horn qu’il y a 4 ans. Je pense avoir mieux géré.
Je travaille toujours sur des assouplissements, sur ma respiration. Je fais aussi de l’autohypnose, cela m’aide régulièrement à passer des caps. J’ai vraiment réussi à intégrer tout ça dans mes navigations. Dans les moments difficiles, j’arrive à relativiser, retrouver un autre élan et accepter ce qui se passe. »
Garder les meilleurs souvenirs
En ayant navigué presque un mois dans les mers du Sud, Isabelle Joschke a redoublé d’efforts pour maintenir son rythme, faire face aux dépressions, aux phases de transitions, aux doutes suite aux avaries, mais au final, que reste-t-il de ces milliers de milles en mer inhospitalières ?
« Je pense que les meilleurs moments que j’ai pu passer sont ces glissades incroyables sur une mer favorable en avant des dépressions de l’Indien. L’entrée dans le Pacifique a également été un incroyable moment. Chaque océan avait son caractère, son énergie propre. Il n’y a pas du tout la même ambiance. Je sors maintenant du Pacifique, ça va être encore autre chose.
Il y a 4 ans, j’avais trouvé les mers du Sud un peu identiques, cela me paraissait très long et, cette année, c’est un peu le contraire, c’est passé plus vite. Il y a pleins d’histoires dans l’histoire. J’ai adoré.
Le pire en revanche, ça a été cette mer très difficile dans l’Indien, ultra remuée et l’enchaînement des avaries avec le foil et le moteur », commente Isabelle.
Après le Horn
« Il faut que je termine les bricoles sur le moteur, que j’assèche entièrement le bateau. Je le fais régulièrement car il y a quelques petites entrées d’eau à droite à gauche et je vérifie le tout. J’ai déjà réussi à le faire lors des différentes zones de mole mais je vais revérifier le bateau de A à Z », conclut la navigatrice, prête pour sa remontée de l’Atlantique, direction Les Sables d’Olonne !
*soit un jour et 15 heures de moins que lors du Vendée Globe 2020
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