Le professionnel de santé : un patient pas tout à fait comme les autres
Comment se comporte le professionnel de santé face à la maladie ? Tarde-t-il à consulter ? La MACSF a interrogé 20 000 de ses sociétaires en avril 2018 afin de déterminer comment ils se soignent.
3 soignants sur 4 pratiquent l’autodiagnostic et l’automédication
Cette étude met en évidence un retard dans la prise en charge du patient professionnel de santé. 66% des soignants interrogés pratiquent l’autodiagnostic et 70% se sont déjà prescrits des examens complémentaires. Ces examens ont été suivis, plus ou moins tardivement, par une consultation spécialisée, dont le critère de choix était avant tout la compétence.La négligence du professionnel de santé face à ses symptômes (38% des interrogés de notre étude reconnaissent qu’ils ont tardé à consulter pour une pathologie grave) peut s’expliquer par sa connaissance des maladies.18% considèrent d’ailleurs qu’ils ne sont pas des patients comme les autres en raison de leur connaissance de la médecine et 80% qu’on leur apprend à soigner mais pas à prendre soin d’eux.
« Nous savons tous par expérience que personne n’est à l’abri d’un problème de santé, plus ou moins grave ou sérieux. A ce titre, les professionnels de santé n’échappent pas à cette règle et doivent aussi, parfois, faire face à la maladie. Se soigner correctement et accepter d’être pris en charge par un confrère n’est pas aussi évident que cela pour de nombreux professionnels de santé. Autodiagnostic et automédication peuvent être de très mauvaises habitudes pouvant avoir de graves conséquences »
rappelle ainsi le Dr Thierry Houselstein, Directeur médical MACSF.
Un report des soins fréquent
Devenir malade représente pour lui un changement radical de position et surtout de statut. Le report des soins est donc très fréquent : 65% des interrogés tardent à consulter, notamment parce qu’ils se soignent seuls mais aussi par manque de temps lié à une surcharge de travail. « Le soignant est souvent soi-nié. J’ai la sensation de prendre soin des autres et peu de moi » témoigne un médecin généraliste.L’absence de réseau de médecins habitués à traiter des confrères a aussi été évoqué comme un frein. « Je suis gênée de consulter des professionnels de santé que je serai amenée à retrouver dans ma pratique » souligne une infirmière. Une étude de la DRESS réalisée en 2010* nous avait déjà appris que 63,9 % des médecins étaient favorables à des dispositifs de soins spécifiques pour les soignants.
*La santé physique et psychique des médecins généralistes, DREES, Etudes et résultats 2010
81% des moins de 30 ans disent pratiquer un métier à risque psychologique
L’étude nous apprend que les moins de 30 ans ont reporté à 80% des soins au cours des 12 derniers mois et 81% disent exercer un métier à risque psychologique.
Ces chiffres sont particulièrement inquiétants lorsque l’on sait que le burn out n’a jamais été aussi fort en France. En cause, un rythme de travail très soutenu pour les jeunes internes dont le nombre de consultations à la journée peut être très élevé, mais aussi une charge émotionnelle très forte notamment lorsque les soignants sont confrontés à des situations parfois éprouvantes.